La clause de préciput : une protection sur mesure pour les couples mariés

La clause de préciput est une disposition légale qui permet à l’un des conjoints, en cas de dissolution du mariage, de bénéficier d’une protection supplémentaire dans le partage des biens communs. Cet article vous propose un éclairage complet sur cette clause méconnue mais essentielle pour sécuriser la situation patrimoniale des couples mariés.

Qu’est-ce que la clause de préciput ?

La clause de préciput, aussi appelée clause d’attribution préférentielle, est une stipulation insérée dans un contrat de mariage, permettant à l’un des époux, en cas de dissolution du régime matrimonial (notamment par décès ou divorce), d’obtenir certains biens communs avant leur partage entre les époux ou entre l’époux survivant et les héritiers du défunt. Elle constitue ainsi une protection patrimoniale pour le conjoint bénéficiaire en lui garantissant la possibilité de conserver certains biens essentiels à sa vie quotidienne.

Pourquoi opter pour cette clause ?

L’intérêt principal de la clause de préciput réside dans la sécurité qu’elle apporte au conjoint bénéficiaire. En effet, cette disposition lui permet d’avoir la certitude que certains biens essentiels ne seront pas partagés avec les héritiers du défunt, ce qui pourrait entraîner des conséquences dommageables pour sa qualité de vie.

Par ailleurs, cette clause peut également avoir un intérêt fiscal. En effet, les biens reçus en vertu d’une clause de préciput ne sont pas soumis aux droits de mutation à titre gratuit (droits de succession ou de donation), ce qui peut représenter une économie significative pour le conjoint survivant.

Comment fonctionne la clause de préciput ?

La clause de préciput doit être insérée dans le contrat de mariage des époux, avant la célébration du mariage. Elle est généralement rédigée par un notaire, qui veille à ce qu’elle respecte les conditions légales et réglementaires. La clause doit préciser les biens concernés (par exemple, la résidence principale, un véhicule ou des objets de valeur) ainsi que les modalités d’attribution (par exemple, l’évaluation des biens en cause).

Dans le cas d’un décès, la mise en œuvre de la clause se fait automatiquement au moment du partage des biens communs entre l’époux survivant et les héritiers du défunt. En revanche, en cas de divorce, la mise en œuvre de la clause dépendra des circonstances : si les époux sont d’accord sur l’application de la clause et sur l’évaluation des biens concernés, ils pourront procéder au partage amiable ; sinon, ils devront saisir le juge aux affaires familiales pour trancher le litige.

Quelles sont les limites et précautions à prendre ?

La clause de préciput comporte certaines limites et précautions à prendre en compte. Tout d’abord, elle ne peut porter que sur des biens communs, c’est-à-dire des biens appartenant conjointement aux deux époux. Les biens propres de chaque époux, acquis avant le mariage ou par donation ou succession pendant le mariage, ne peuvent pas faire l’objet d’une clause de préciput.

Ensuite, la clause ne peut pas avoir pour effet de léser les droits des héritiers réservataires (enfants ou petits-enfants du défunt), qui ont droit à une part minimale de la succession (la réserve héréditaire). Ainsi, si la mise en œuvre de la clause conduit à priver les héritiers réservataires de leur part légale, ils pourront demander en justice la réduction de la clause.

Enfin, il est important de noter que la clause de préciput n’est pas automatiquement applicable en cas de divorce. En effet, si le juge aux affaires familiales considère que l’application de la clause serait contraire à l’équité entre les époux (par exemple, si elle aboutit à un partage inégal des biens communs), il pourra refuser son application.

Quelques conseils pratiques

Pour optimiser l’efficacité de votre clause de préciput, voici quelques conseils pratiques :

  • Faites appel à un notaire pour rédiger votre contrat de mariage et inclure la clause dans les meilleures conditions légales et réglementaires.
  • Choisissez avec soin les biens concernés par la clause, en privilégiant ceux qui sont essentiels à votre vie quotidienne (résidence principale, véhicule, etc.).
  • Prévoyez des modalités d’attribution claires et précises, notamment en ce qui concerne l’évaluation des biens concernés.
  • Anticipez les conséquences fiscales de la clause en vous renseignant sur les droits de mutation à titre gratuit et les éventuelles exonérations dont vous pourriez bénéficier.

En adoptant ces bonnes pratiques, vous pourrez tirer pleinement parti de la protection patrimoniale offerte par la clause de préciput et assurer ainsi une sécurité optimale à votre conjoint en cas de dissolution du mariage.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*