Les conditions de recevabilité de l’assignation en liquidation judiciaire : un guide complet

La liquidation judiciaire est une procédure collective qui permet de mettre fin à l’activité d’une entreprise en difficulté et de réaliser son actif pour rembourser ses créanciers. L’assignation en liquidation judiciaire est un acte juridique par lequel un créancier demande au tribunal de commerce de prononcer la liquidation judiciaire d’une entreprise débitrice. Mais quelles sont les conditions pour que cette assignation soit recevable ? Cet article vous propose un tour d’horizon des différentes règles à respecter pour qu’une assignation en liquidation judiciaire soit validée par le juge.

1. La qualité des parties à l’assignation

Pour être recevable, l’assignation en liquidation judiciaire doit être introduite par un créancier ayant la qualité pour agir. Il s’agit généralement d’un créancier impayé dont la créance est certaine, liquide et exigible. Le créancier doit disposer d’un titre exécutoire ou d’un jugement condamnant le débiteur au paiement de sa créance.

De plus, le débiteur visé par l’assignation doit être un commerçant, une société commerciale ou une personne morale non commerçante. Les professions libérales, les agriculteurs et les artisans ne sont pas concernés par cette procédure.

2. La preuve de la cessation des paiements

Le créancier qui assigne en liquidation judiciaire doit prouver que le débiteur se trouve en situation de cessation des paiements. Cette situation se caractérise par l’impossibilité pour le débiteur de faire face à son passif exigible avec son actif disponible. Le créancier peut apporter la preuve de cette situation par tous moyens, tels que des attestations, des constats d’huissier ou des documents comptables.

3. La mise en demeure préalable

Avant d’assigner en liquidation judiciaire, le créancier doit mettre en demeure le débiteur de payer sa créance dans un délai raisonnable. Cette mise en demeure doit être réalisée par un acte d’huissier ou par lettre recommandée avec accusé de réception. Si le débiteur ne règle pas sa dette dans le délai imparti, le créancier pourra alors l’assigner en liquidation judiciaire.

4. L’épuisement préalable des voies d’exécution

Le créancier doit également justifier qu’il a épuisé les voies d’exécution préalables à l’assignation en liquidation judiciaire. Autrement dit, il doit prouver qu’il a tenté, sans succès, de recouvrer sa créance par les moyens légaux habituels (saisie-attribution, saisie-vente, etc.). Cette condition vise à éviter que l’assignation en liquidation judiciaire soit utilisée comme un moyen de pression sur le débiteur.

5. La forme et le contenu de l’assignation

L’assignation en liquidation judiciaire doit être rédigée par un avocat et signifiée par un huissier de justice. Elle doit respecter certaines formalités obligatoires, telles que :

  • la mention des noms, prénoms, domicile ou siège social des parties,
  • la désignation précise de la juridiction compétente (tribunal de commerce),
  • la date et l’heure de l’audience,
  • le rappel des faits et des motifs de la demande,
  • la preuve de la mise en demeure préalable et de l’épuisement des voies d’exécution,
  • la production des pièces justificatives (titre exécutoire, jugement, etc.).

6. Le respect du délai entre les formalités et l’audience

L’assignation doit être signifiée au débiteur au moins douze jours avant la date de l’audience, hors délais de distance. Ce délai permet au débiteur de préparer sa défense et d’exercer ses droits à la contestation.

Dans certains cas, notamment en cas d’urgence ou pour éviter un préjudice imminent, le juge peut autoriser un créancier à assigner en liquidation judiciaire sans respecter ces délais. Il s’agit alors d’une procédure dite « sur requête ».

7. La compétence territoriale et matérielle du tribunal

Enfin, pour que l’assignation en liquidation judiciaire soit recevable, elle doit être portée devant le tribunal de commerce compétent. La compétence territoriale est généralement déterminée par le lieu du siège social du débiteur, tandis que la compétence matérielle relève du tribunal de commerce pour les commerçants et des tribunaux de grande instance pour les personnes morales non commerçantes.

Si toutes ces conditions sont remplies, l’assignation en liquidation judiciaire sera considérée comme recevable par le juge. Celui-ci pourra alors prononcer la liquidation judiciaire de l’entreprise débitrice et ordonner les mesures nécessaires à la réalisation de son actif et au paiement de ses créanciers.

Ainsi, l’assignation en liquidation judiciaire constitue un outil efficace pour les créanciers confrontés à des débiteurs insolvables. Toutefois, il convient de respecter scrupuleusement les conditions de recevabilité évoquées dans cet article afin d’éviter tout risque d’irrecevabilité ou de contestation ultérieure.

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